Webinaire #Vrac
Synthèse du webinaire : Le vrac, ça vous emballe ?

Chloé LIARD
Chargée de développement et projets


Karine SANOUILLET
Experte GDD, Retail, Grande consommation


Vérèna LEMOINE
Chargée d’études

Synthèse du Webinaire
État des lieux
Que pouvez-vous nous dire sur les fréquences et lieus d’achat ?
Aujourd’hui, 7 personnes sur 10 achètent en vrac dont 34,8% de manière régulière
Parmi elles, plus de 2 sur 3 sont des consommateurs confirmés.
Par quel biais les consommateurs achètent-ils leurs produits en vrac ?
Notre étude relève 2 groupes distincts.
Une moitié priorise les petites surfaces (magasin bio, épicerie spécialisée…), il s’agit principalement des acheteurs réguliers, des 20-34 ans, les femmes et les CSP+.
L’autre moitié se rend en priorité en grande surface alimentaire.
Et côté produit ?
Les produits secs représentent la catégorie majoritairement achetée en vrac avec 82% devançant de loin les céréales et les épices.
Profils des consommateurs :
27,9% déclarent être des non-acheteurs, on retrouve principalement des hommes et des professions intermédiaires. Pour 49,4% d’entre eux, acheter en vrac n’est pas un « réflexe », ce qui est un point encourageant, ces personnes ne sont pas réfractaires et auraient simplement besoin d’être sensibilisé. Parmi les autres motifs, on retrouve le manque d’hygiène (13,7%), manque d’info (13,1%) puis le prix (11,7%).
Enfin on compte 37,3% pour les acheteurs occasionnels (majoritairement des hommes) / et 34,8% pour les réguliers (majoritairement des femmes).
Parmi les acheteurs occasionnels on retrouve principalement des acheteurs mono-catégorie alors que les réguliers sont des acheteurs multi-catégories. Autre distinction pour ces deux groupes, le lieu d’achat. Les acheteurs occasionnels vont avoir tendance à privilégier les grandes surfaces alimentaires et les réguliers les petits commerces.
Le chiffre de 72% d’acheteurs est très élevé ? Même surprenant ? Quelle analyse en faîtes-vous ?
Karine SANOUILLET, Experte GDD et Grande Consommation : « C’est un chiffre important malgré la diversité de profil, l’offre vrac est relativement rependue ! »
Aujourd’hui il existe une communication importante pour tout ce qui concerne la lutte des déchets et le gaspillage. On voit alors que toutes ces campagnes, le cadre réglementaire et cette mobilisation autour de ces sujets portent largement leurs fruits, les Français sont plus qu’intéressés par ces nouveaux gestes.
La crise COVID n’a pas impacté l’achat en vrac ?
Chloé LIARD, Chargée de projet Réseau Vrac : Malgré les difficultés, beaucoup ont changé leurs modes de consommation pendant la crise COVID, et les commerçants remontent qu’ils ont eu des nouveaux clients. Le télétravail a notamment favorisé la découverte des commerces vrac, mais il reste toujours des consommateurs à regagner.
Freins et motivations
3 principaux critères sont identifiés pour choisir les produits en vrac.
Le 1er est le prix (les femmes et les 35-50 ans y sont particulièrement sensibles), suit la provenance, puis la composition des produits.
Quelles sont les motivations des consommateurs ?
Selon les acheteurs de vrac, les 2 inconvénients majeurs sont le manque d’informations sur le stockage des produits en magasin et sur le produit lui-même. Ensuite, mais dans de plus petites proportions : l’hygiène, le prix, le manque de praticité, et fait de devoir peser son récipient avant de le remplir).
Pour les 2 principales motivations d’achat, sont citées la volonté de limiter ses déchets pour près de 7 sondés sur 10 et celle de choisir la quantité achetée pour plus de 6 interviewés sur 10. (suivies de l’envie de faire des économies, de tester de nouveaux produits et de gagner en simplicité.)
Chloé LIARD, Chargée de projet Réseau Vrac : De votre côté, vous aviez également de nombreuses remontées quant aux problèmes d’informations et de traçabilité sur les produits ?
Bien sûr, la traçabilité fait partie des enjeux du vrac. Il faut savoir que légalement, il existe peu de mentions obligatoires pour le vrac, notamment sur la date de la durabilité, le numéro de lot etc. Cependant, nous encourageons nos adhérents à le faire pour que le consommateur ne perde pas d’information et qu’il ne soit pas perdu une fois arrivé chez lui.
Karine SANOUILLET : Quelle analyse pouvez-vous nous apporter sur les motivations des consommateurs de vrac ?
Nous retrouvons, sans surprise, la question de l’emballage, mais également le fait de pouvoir contrôler la quantité achetée.
61,8% des consommateurs ont pour motivation principale le fait de choisir la quantité achetée, ce chiffre montre alors que ce n’est plus simplement un engagement de lutte contre les déchets, mais aussi une intention de contrôle de quantité ou d’autres motivations totalement différentes.
Pour répondre à cette problématique de données manquantes, un QR code que le consommateur scannerait pourrait-il être une solution ?
Bien sûr, c’est une idée pertinente qui a déjà été repérée par des entreprises qui commencent à développer de nouveaux systèmes.
Attentes et préférences
Conseil en point de vente
En effet, moins de 3 personnes sur 10 apprécient être conseillées par un vendeur et pourtant près de 6 personnes sur 10 déclarent qu’il serait rassurant, voire nécessaire qu’un vendeur soit présent en rayon vrac pour accompagner lors de l’achat et la même proportion de personnes indique qu’elle consommerait davantage de produits en vrac si elle était mieux informée et accompagnée.
Préférence de contenant
Le sachet kraft est le contenant incontournable pour se servir en vrac pour près de 6 personnes sur 10.
1 personne sur 3 préfère les bocaux en verre et 1 sur 5 les sachets en tissu.
A noter qu’un peu plus d’1 personne sur 10 n’a pas de préférence en matière de contenant.
Chloé LIARD, sur les contenants, finalement n’y a-t-il pas un paradoxe également entre le vrac et les emballages Kraft, que faire ?
En effet, un paradoxe demeure sur le vrac et l’emballage kraft !
L’utilisation des sachets kraft est favorisée ce qui génère des déchets …
Cependant c’est quelque chose de pratique pour le consommateur, notamment pour les nouveaux consommateurs qui souhaitent tester le vrac ou pour ceux qui auraient oublié leurs récipients.
Il faut sensibiliser sur l’impact environnemental si ces sacs ne sont pas réutilisés et encourager l’utilisation de sacs en coton réutilisables par exemple.
Karine SANOUILLET : que pensez-vous du conseil pour la vente vrac ?
Il y a 2 directions des grandes distributions, la distribution automatisée, tout ce qui permet d’être plus performant et celle des attentes des consommateurs qui sont de trouver un contact humain, et c’est quelque chose d’important en matière de fidélisation.
Il existe un réel besoin d’accompagnement pour les consommateurs vrac notamment pour le manque d’information. La présence d’un personnel formé pour tenir les lieux et renseigner les clients donnerait une certaine crédibilité supplémentaire.
Question opérationnelle : Pour les bocaux en verre, comment se passe la pesée ?
Tout dépend, dans certains commerces, il faut déduire le poids du contenu lors de la pesée du produit (comme on le ferait avec nos légumes), et dans d’autres, notamment les commerces spécialisés vrac, c’est le commerçant qui s’en occupe. Quoi qu’il en soit la pesée ne représente aucune contrainte concrète, il faut simplement adopter ce nouveau réflexe.
Loi climat
Rappel de la loi :
En résumé, au 1er janvier 2030, les commerces de vente au détail dont la surface est supérieure ou égale à 400 m² devront consacrer à la vente de produits présentés sans emballage primaire, y compris la vente en vrac, soit au moins 20 % de leur surface de vente de produits de grande consommation, soit un dispositif d’effet équivalent exprimé en nombre de références ou en proportion du chiffre d’affaires.
Qu’en pensent les Français ?
Plus de la moitié des interviewés pense que la surface consacrée aux produits en vrac en grandes surfaces devrait être plus importante.
Près de 6 répondants sur 10 sont d’avis qu’une surface de vente minimum devrait être imposée aux grandes surfaces pour la vente en vrac.
Chloé LIARD : Vous vous réjouissez de cette loi chez Réseau Vrac ?
C’est un énorme changement pour les distributeurs.
Bien sûr, cette loi va permettre de servir les objectifs de démocratisation de la vente en vrac. « En général, les surfaces de vente dédiées au vrac sont comprises entre 0 et 2%, la loi impose 20%, ce qui représente une modification majeure dans l’organisation des espaces». A noter que la loi comprend les fruits, les légumes et les étalages à la coupe, ce qui n’est pas inclus dans le chiffre de 0 à 2%. C’est une opportunité pour développer plus de produits, avoir une plus grande surface permettra une gamme bien large et diversifiée afin de répondre à plus de besoins.
Karine SANOUILLET : « Les Français ne sont généralement pas pour de nouvelles lois… Et pour une fois, il y a une adhésion. Ce dispositif est une proposition des consommateurs dans le cadre de la convention citoyenne. Les contraintes restent réelles, c’est un changement de modèle et une réelle remise en cause pour la grande distribution, ainsi que pour les marques qui utilisaient les packagings comme moyen d’expression et de communication »
Est-ce que la France est en retard ou en avance ?
La France est très en avance, c’est même le pays le plus avancé, tous les commerces sont équipés de vrac, contrairement à l’Allemagne ou l’Autriche qui commence à peine.
La France compte 900 commerces spécialisés vrac, elle est pionnière sur ce sujet, et cette nouvelle loi c’est également une première.
Existe-t-il des enseignes plus en avance que d’autres ?
Aujourd’hui toutes les enseignes font des recherches,
Franprix est, par exemple, en avance sur des expérimentations, Carrefour cherche des solutions auprès des start-ups, des expérimentations live auprès de toutes les enseignes, mais il n’existe encore aucune enseigne dédiée 100% vrac dans la grande distribution classique.
Prospective
3 secteurs porteurs avec de véritables opportunités : bricolage, jardinage, pharmaceutique :
- 3 bricoleurs sur 4 consommateurs de vrac en général ont déjà acheté un article de bricolage ou de l’outillage en vrac. Parmi le quart n’en ayant jamais acheté, 3 sur 4 sont prêts à le faire si le besoin se présentait. Plus de 9 bricoleurs (déjà acheteurs de produits en vrac) sur 10 seraient donc clients du bricolage en vrac (94,3%).
- Plus de 7 personnes sur 10 jardinent. Parmi elles, 3 sur 4 achètent déjà ou sont prêtes à acheter des produits de jardinage en vrac.
- S’il était possible d’acheter les médicaments à l’unité, 3 personnes sur 4 le feraient.
Karine qu’en pensez-vous ?
« C’est un retour en arrière et une manière de reprendre le contrôle sur ses achats et la quantité ».
Les médicaments c’est une question complexe et règlementée, mais très intéressante, et les consommateurs sont prêts.
Conclusion
7 Français sur 10 sont acheteurs de produits en vrac. C’est un nouveau mode de consommation, en fort développement et avec une véritable attente consommateur.
Il y a encore de nombreux axes d’amélioration et d’innovations ainsi que des places à prendre sur ce marché.
Chloé LIARD:
« Le vrac c’est un mode de consommation qui augmente et non un effet de mode ». Il y a encore des efforts du secteur pour lever les freins de traçabilité et informations produits. La loi climat va porter ce projet. La demande est au rendez-vous !
Karine SANOUILLET :
Les consommateurs sont en train de considérer leur façon de consommer mais il reste un gros enjeu côté industrie qui repose sur un marketing centré sur les packagings.
« On voit beaucoup d’initiatives de la part des enseignes et il y aura une prime à ceux qui iront vite. » Les attentes des clients sont là.
Vidéo du Webinaire
Étude vrac by Feedback
